1 janvier 2016

passage

Jeudi 31 décembre, un champ gorgé d'eau. Les plastiques noirs des ballots de foin qui claquent au vent sans cadence. Le ciel qui s'assombrit à vue d’œil, sort la tente, on va la passer dehors, cette nuit. Vendredi 1er janvier, l'humidité rentre sous nos vêtements depuis quelques heures déjà, sous notre peau même. Comme une rivière gelée aux ramures infinies. On accroche nos ongles aux miettes des rêves. On souhaite fort, dans un demi-sommeil, que la pluie s'arrête au matin. Je t'entends grommeler la bonne année - est-ce vraiment toi? Combien de temps s'est écoulé alors? - puis je retombe dans un de ces songes absurdes, mais si vraisemblables pourtant, que forme une tête cherchant le repos. Ailleurs, et si clairement là, grignotant les heures de notre heure bleue frissonnante.

Et là, dans une ellipse, il était soudain blanche heure et demi. J'avais dormi. On s'est extirpé de nos pensées folles, le ver hors du fruit. On s'est tortillé hors de notre seconde peau de plumes, de notre troisième peau de poils, on a plié les exuvies en quatre et on est reparti. Comme un cycle, en suivant la roue du jour. Ce n'est rien qu'un passage dans la tête, de trente-et-un à premier, mais on espère toujours le mieux, on espère toujours l'achoppement heureux, on attend l'odeur des chemins après la pluie, mais dans ce moment précis persiste encore les fibres de laines détrempées et accrochées aux barbelés.

Alors, on s'en fera une moustache pour paraître un peu plus vieux, pour paraître un peu autre, et on reprendra la roue du jour.


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